Intermède
Lors de leur retour, chacun conta à sa manière les événements. Pour le chroniqueur Arabe Ibn Al Athir, Charles Ier « entra dans les régions musulmanes » avec le wally de Saragosse venu le rejoindre. Pour Eginhard, Charles ler pénétra en Espagne par Pampelune, ville chrétienne, et se dirigea vers Saragosse. Les deux points de vue sont diamétralement opposés. Pour trancher ce dilemme, considérons les faits dans le temps. Les conjurés et Charles Ier se mettent d’accord pour aller à Saragosse. Il est normal qu’ils prennent le chemin le plus court et qui offre le plus de garantie pour les conjurés. Faire un détour par Pampelune la chrétienne faisait douter de la bonne foi de Charles Ier et risquait de faire échouer l’opération avant qu’elle ne commence. On peut penser qu’Eginhard ou d’autres, ont écrit ce texte au retour de l’expédition pour effacer de l’Histoire la collusion de Charles Ier avec des infidèles que certains religieux, opposés à cette expédition, avaient dû soutenir .
La retraite
Il fallait repartir de Saragosse. Les cols de l’ouest des Pyrénées ne permettaient pas de terminer l’expédition en 162 jours puisqu’ils sont trop éloignés d’Auxerre qui est la fin de l’expédition. De plus, Charles Ier signa une Charte pour l’abbaye de Fulda le 24 septembre. D’ailleurs, ils n’offraient aucune garantie de réussite : les Vascons basques se souviendraient de la destruction de leurs remparts et Abou Thaur, ami du wally de Saragosse devenu otage de Charles Ier, veillait au Somport. Seuls restaient les cols des Pyrénées centrales par où l’armée de l’Est était venue.
C’est là, à La Unarde , en France, qu’elle subit la défaite de «Roncevaux» contée par Guillaume d’Orange. Le lieu de la bataille a été découvert grâce au professeur de philologie Baïche. Ce denier a écrit un article important duquel il ressortait que la Chanson de Roland était très certainement la traduction d’un poème antérieur écrit en langue d’oc. Tous les termes géographiques sont occitans. Il a suffit qu’un habitant connaissant la région, lise cet article et la Chanson de Roland pour qu’il détermine le lieu de la bataille et du guet-apens des Vascons. Bien entendu, ce lieu n’est pas cité par Eginhard car il rappelle une défaite de la Chrétienté devant les infidèles, ce qui à l’époque n’était pas tolérable. Mais n’était-ce pas un mensonge par omission? Pour Saint Augustin , cela ne se pouvait.
Bien sûr, pour les Vascons il était tentant de s’emparer d’un trésor de guerre; quoiqu’il faille s’allier aux infidèles. Heureusement de nombreux Aquitains à cette époque considéraient les Francs comme des occupants et non comme des alliés.
L’armée continua son chemin, la jalonnant de basiliques, Sabart, Montgauzy, Caunes-Minervois, Lagrasse, Narbonne, avant d’être dissoute à Auxerre.