À découvrir dans le livre « Charles Ier et les Vascons occitans, l’expédition en Espagne (778) » de Jean CLARET
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Pourquoi Roncevaux est-il en France ?
L’Histoire est écrite par les vainqueurs ou les puissants du moment pour donner l’éclairage qu’ils désirent aux faits et façonner selon leurs vues la mentalité de leurs compatriotes. Ce n’est qu’ensuite, lorsque ces faits ont perdu leur charge émotionnelle, que l’on peut essayer de connaître la réalité. Eginhard, l’ami et historien de Charles Ier (Charlemagne) n’a pas échappé à cette règle. L’expédition en Espagne de 778 qu’il conte est tout à la gloire du roi, même si la réalité est beaucoup plus nuancée.
Pendant 1200 ans Eginhard nous a laissé croire que l’expédition était circonscrite au pays Basque et que Roland mourut lors d’un guet-apens mené par des Vascons. Heureusement, quelques faiblesses subsistaient dans ses raisonnements et en les confrontant à ceux des chroniqueurs Arabes et d’autres, on a pu rétablir ce qui semble être la réalité des faits.
C’est cette épopée que l’on va conter à travers les écrits
d’Eginhard , d’Ibn Al Athis, de Guillaume d’Orange dans le livre :
«Charles Ier et les Vascons occitans, l’expédition en Espagne (778)» de Jean CLARET.
Lors de l’assemblée tenue à Paterborn ( Allemagne) en 777, les barons Francs ont dû mettre en gardele roi Charles Ierde ne passe laisser entraîner dans des combats inutiles avec les troupes sarrasines. Ou bien le complot organisé avec les conjurés mauresvenus à Paterbornréussissait, ou bien l’arméedevait revenir d’Espagneprête à se battre contre les Saxons toujours menaçants. La destruction de l’armée en Espagneaurait signifiéla disparition de la tribu des Francs.
Ces difficultés aplanies,les préparatifs de l’expédition se déroulèrentselon le plan prévu : deux colonnes s’avancèrent vers Saragosse, l’une venant de l’Est, l’autre de l’Ouest.
Les opérations
Mais rien ne se passa comme prévu. Saragosse n’ouvrit pas ses portes, certains membres de la conjuration furent assassinés, d’autres se retirèrent et le roi Charles Ier sans allié, sans vivre, sans guide fiable, dûfaire face à une situation délicate : environ 15000 hommes à nourrir,à rapatrier en France sans combattre sous peine de risquer une batailledont l’issue était incertaine. Il y réussit.
Lors de leur retour, chacun conta à sa manière les événements. Pour le chroniqueur Arabe Ibn Al Athir, Charles Ier « entra dans les régions musulmanes » avec le wally de Saragosse venu le rejoindre. Pour Eginhard, Charles ler pénétra en Espagne par Pampelune, ville chrétienne, et se dirigea vers Saragosse. Les deux points de vue sont diamétralement opposés. Pour trancher ce dilemme, considérons les faits dans le temps.Les conjurés et Charles Ier se mettent d’accord pour aller à Saragosse. Il est normal qu’ils prennent le chemin le plus court et qui offre le plus de garantie pour les conjurés.Faire un détour par Pampelune la chrétiennefaisait douter dela bonne foi de Charles Ier et risquait de faire échouer l’opération avant qu’elle ne commence. On peut penser qu’Eginhardou d’autres, ont écrit ce texte au retour de l’expédition pour effacer de l’Histoire la collusion de Charles Ier avec des infidèles que certains religieux,opposés à cette expédition, avaient dû soutenir .
La retraite
Il fallait repartir de Saragosse. Les cols de l’ouest des Pyrénées ne permettaient pas de terminer l’expédition en 162 jours puisqu’ils sont trop éloignés d’Auxerre qui est la fin de l’expédition. De plus, Charles Ier signa une Charte pour l’abbaye de Fulda le 24 septembre. D’ailleurs,ils n’offraient aucune garantie de réussite : les Vascons basques se souviendraient de la destruction de leurs remparts et Abou Thaur, ami du wally de Saragosse devenu otage de Charles Ier, veillait au Somport.Seuls restaient les cols des Pyrénées centrales par oùl’armée de l’Est était venue.
C’est là, à LaUnarde , en France, qu’elle subit la défaite de «Roncevaux»contée par Guillaume d’Orange. Le lieu de la bataille a été découvertgrâce au professeur de philologie Baïche. Ce denier a écrit unarticle important duquel il ressortait que la Chanson de Roland était très certainement latraductiond’un poème antérieur écrit en langue d’oc. Tous les termes géographiquessont occitans. Il a suffit qu’un habitant connaissant la région, lisecet articleet la Chanson de Roland pourqu’il détermine le lieu de la bataille et du guet-apens des Vascons. Bien entendu, ce lieu n’est pas cité par Eginhard caril rappelle une défaite de la Chrétienté devant les infidèles, ce qui à l’époque n’était pas tolérable.Mais n’était-ce pas un mensonge par omission? Pour Saint Augustin ,cela ne se pouvait.
Bien sûr, pour les Vascons il était tentant de s’emparer d’un trésor de guerre; quoiqu’il faille s’allier aux infidèles. Heureusement de nombreux Aquitains à cette époque considéraient les Francs comme des occupants et non comme des alliés.
L’armée continua son chemin, la jalonnant de basiliques, Sabart, Montgauzy, Caunes-Minervois, Lagrasse, Narbonne,avant d’êtredissoute à Auxerre.